La première fois que je l’ai emprunté, je n’ai pu retenir un sourire en entendant des usagers l’appeler le pont Raymond. Quand il quitte le parvis du musée des Confluences vers la rive du parc des Berges, son tracé en biais l’écarte rapidement du pont Pasteur.
Les ponts ont à voir avec la rêverie et la contemplation. Ça tombe bien : au centre de l’ouvrage, la partie la plus haute – son tablier est courbé -, une place belvédère a été aménagée. Au sol, des caillebotis en ipé ; pour se poser, des chaises longues et des bancs, pour observer le Rhône, les berges, les péniches.

Mais attention, un pont c’est aussi de l’ingénierie. A cet endroit, le lit du Rhône n’est pas droit. Résultat, si le dessin des piles diffère au-dessus de la surface du fleuve, c’est aussi vrai sous l’eau. Côté Gerland, où on atteint rapidement le fond, les piles sont doubles et obliques, alors que celle côté Confluences est unique et droite. Au-dessus du tablier, les deux arcs sont inclinés à 10° vers l’extérieur. Les lampadaires qui l’éclairent la nuit le sont également, vers la rive de laquelle ils partent, pour se redresser en se rapprochant du centre du pont. Ces éléments dissymétriques renforcent le caractère ludique de l’ouvrage et lui confèrent une vraie élégance dans le dessin.